Environ une personne sur cinq est atteinte d’aérophagie, qu'elle soit passagère, intermittente ou prolongée. D’origine grecque, le terme aérophagie signifie « manger de l’air ». L’air absorbé entraîne des symptômes physiques inconfortables provenant de l’estomac.
L'aérophagie, bien que gênante, est généralement bénigne. On parle de trouble fonctionnel, sans maladie évolutive identifiée. Des remèdes simples et quelques précautions alimentaires pourront améliorer la situation.
Zoom sur la présence d’air digestif
Nous avalons tous de l’air : en mangeant et en déglutissant la salive. Un adulte déglutit 1 000 à 2 000 fois par jour et avale 2 à 3 ml d’air par déglutition. En avalant une gorgée de liquide, on ingère toujours une quantité variable d’air en même temps, entre 8 et 32 ml. À l'état normal, le tube digestif contient en permanence 1 ou 2 litres d’air, dont presque la moitié se trouve dans l’estomac. 3 à 4 rots dans l'heure suivant un repas sont de l’ordre du normal.
Scientifiquement, la sensation d’aérophagie gênante est pour le moment mal élucidée. Est-elle liée à une quantité plus importante d’air digestif ? À une moindre facilité d’évacuation gastrique ? Une sensibilité exacerbée à la distension digestive ? Il existe néanmoins plusieurs méthodes pour traiter l'aérophagie.
1. Reconnaissez les symptômes de l'aérophagie
La présence d’air en excès dans l’estomac génère deux sortes de manifestations :
- Une sensation de ballonnement de la région gastrique. La distension est parfois visible et forme un gonflement localisé, inesthétique et gênant, comme l’impression d’être enceinte.
- Des éructations, par expulsion de l’air avalé. Bien que gênants si on n’arrive pas à les retenir, les rots et les renvois soulagent la douleur.
Une petite partie de l'air peut aussi se mêler à la nourriture et continuer son chemin dans l’intestin, entraînant alors ballonnements, flatulences, ventre gonflé et spasmes.
2. Soulagez l'aérophagie
Les traitements sans ordonnance
Des remèdes simples réduisent les gaz, dont la plupart sont en vente libre en pharmacie. Prenez-les en début de chaque repas :
- actapulgite ;
- des médicaments contenant de la simethicone ;
- du charbon végétal en capsules.
Les produits absorbant des gaz à distance doivent être pris séparément de vos médicaments habituels pour limiter les risques d'interactions. Les médicaments favorisant la vidange de l’estomac (Motilium) ne doivent être pris que quelques jours. Évitez les enzymes pancréatiques qui sont peu efficaces.
Bon à savoir :suite à une annonce de l'ANSM du 28 juin 2019, le Motilium (médicament à base de dompéridone) et ses génériques sont interdits aux moins de 12 ans et aux personnes de moins de 35 kg. En effet, selon une réévaluation européenne du rapport bénéfice/risque de la dompéridone achevée en 2014, ce traitement est inefficace contre les nausées et vomissements, et comporte un risque cardiaque et de mort subite.
Prenez des compléments alimentaires
Ajoutez une cuillère à soupe d'argile tous les 2 à 3 jours à votre alimentation. Vous pouvez aussi additionner l’eau de cuisson des légumes avec une demi-cuillère à café de Bicarbonate de soude, ou une poignée d’algues comme le kombu.
Soignez-vous avec la phytothérapie
Utiliser des plantes peut être une solution pour traiter l'aérophagie :
- les graines d’anis : à mâcher ou à prendre en infusion ou en décoction ;
- la cannelle : deux cuillères à café de poudre de cannelle en infusion dans de l'eau bouillante ;
- le gingembre : frais et râpé, mélangé avec le jus d'un demi-citron dans de l'eau fraîche ;
- la menthe poivrée : 15 g de feuilles infusées dans un litre d'eau bouillante ;
- des infusions de plantes diverses à prendre 30 minutes après les repas : coriandre, verveine, basilic, aneth, fenouil, mélisse, carvi, badiane, thym, cumin.
Utilisez l’aromathérapie
De nombreuses huiles essentielles (HE) sont efficaces conte l’aérophagie. C’est par exemple le cas des HE de menthe poivrée, de coriandre, de cardamome, de carvi, de basilic tropical ou français…
Vous pouvez aussi réaliser une préparation en mélangeant dans un flacon de 15 ml 30 gouttes d’HE de cardamome, 15 gouttes d’HE de menthe poivrée et en complétant avec de l’huile de macadamia. Utilisez ce mélange à raison de 15 gouttes sur l’abdomen deux à trois fois par jour pendant 5 jours (à renouveler en cas de besoin).
Autre option, prendre une goutte d'huile essentielle de basilic tropical sur un comprimé neutre après le repas (en usage ponctuel). Ou réaliser un massage sur le ventre, dans le sens des aiguilles d'une montre, à raison de quatre gouttes diluées dans une cuillère à soupe d'huile végétale de nigelle auxquelles on peut rajouter une goutte d'huile essentielle de lavande fine.
3. Prévenez l’aérophagie
Soignez votre alimentation
- Évitez les boissons gazeuses, les jus de fruits trop sucrés et les sodas. Privilégiez l'eau plate et buvez lentement, de préférence en dehors des repas.
- Diminuez la consommation d'aliments riches en air : le pain, le pain de mie et les meringues. Limitez également les aliments producteurs de gaz : le chou, le chou-fleur, le brocoli, les légumineuses et les aliments frits et trop gras.
- Privilégiez les fruits cuits aux fruits crus qui contiennent du fructose. Si vous mangez des fruits crus, faites-le de préférence au début des repas (comme on le fait communément avec le pamplemousse ou le melon, par exemple) ou dans l‘idéal en dehors des repas.
- Évitez les chewing-gums et les bonbons contenant du sorbitol, ils font saliver et avaler de l'air avec la déglutition.
- Mastiquez et mangez doucement et dans le calme. Cela évite d’avaler de l’air en mangeant.
- Soignez vos dents : les problèmes dentaires induisent une mauvaise mastication et favorisent l’aérophagie.
- Ne vous forcez pas à roter.
Limitez votre stress
- Prenez vos repas dans le calme, ne mangez pas devant l'ordinateur ou la télévision.
- Identifiez et traitez les éventuelles causes de votre stress (familiales, professionnelles, sociales...).
- Luttez contre l'anxiété et la nervosité par des activités sportives ou relaxantes (sophrologie, yoga, marche, stretching).
- L'hypnose peut être efficace contre l’aérophagie.
4. Quand envisager des examens médicaux ?
Pour une aérophagie simple, il n’y a pas d’examen à effectuer. Une bonne hygiène alimentaire et des médicaments absorbant les gaz suffisent à soulager les troubles.
Consultez votre médecin si des symptômes durables sont associés à l'aérophagie, comme des douleurs abdominales intenses ou prolongées, des vomissements, un changement dans les habitudes intestinales, de la fièvre, des frissons, du sang dans les selles, des brûlures oesophagiennes ou des renvois acides.
Bon à savoir : une impression d’aérophagie brutale accompagnée d’une douleur dans la poitrine durant plus d’une heure peut témoigner d’un début d’infarctus. Au moindre doute, appelez le 15.