Maladie coeliaque

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Produits laitiers et contenant du gluten Thinkstock

À l'heure où la mode des régimes sans gluten fleurit un peu partout en France, il convient de s'intéresser sérieusement aux conséquences que cette protéine peut avoir vraiment sur l'organisme. Selon qu'on parle d'une simple intolérance au gluten ou d'une vraie maladie cœliaque, les symptômes et les traitements seront différents.

Faisons le point sur cette question.

Maladie coeliaque : qu'est-ce que c'est ?

La maladie cœliaque est ainsi appelée car elle réfère à « ce qui se rapporte à l'intestin, aux viscères ».

C'est une maladie auto-immune, associée à une maldigestion et une malabsorption de la plupart des nutriments et vitamines, tels que le fer, le calcium ou l'acide folique (vitamine B9).

Cette maladie provoque une atrophie villositaire (destruction des villosités de l’intestin grêle) et est essentiellement provoquée par l'ingestion d'une fraction protéique du blé appelée « gluten »

Bon à savoir : une maladie auto-immune résulte d'un dysfonctionnement du système immunitaire, qui s’attaque aux constituants normalement présents dans l’organisme, ou « auto-antigènes ». C’est par exemple le cas du diabète de type 1, de la sclérose en plaques ou encore de la polyarthrite rhumatoïde.

Symptômes de la maladie cœliaque

Les symptômes les plus courants associés à la maladie cœliaque peuvent varier d'une personne à l'autre, mais on notera majoritairement l'apparition de :

  • douleurs abdominales, crampes ;
  • nausées et vomissements ;
  • ballonnements, gaz, flatulences ;
  • diarrhée, selles nauséabondes ;
  • constipation ;
  • ulcères de la bouche (aphtes récidivants) ;
  • pâleur, en cas d’anémie (malabsorption du fer) ;
  • l'absence de menstruations (aménorrhée).

Bon à savoir : dans la maladie cœliaque en général, les problèmes digestifs sont les plus fréquents, mais il arrive très souvent (dans 80 % des cas) qu’ils soient absents et que l'on parle de « maladie cœliaque silencieuse ».

Causes de la maladie cœliaque

La maladie cœliaque est donc essentiellement liée à une réaction de l'organisme devant l’absorption de gluten.

Donnant une texture moelleuse aux pains et aux autres produits de boulangerie ou plats préparés, on trouve le gluten dans :

  • la farine de blé (pains, viennoiseries etc.) ;
  • la farine d'orge, de seigle ;
  • les pâtes ;
  • la charcuterie, les plats manufacturés.

Cependant, la cause exacte de cette réaction reste inconnue, mais elle serait surtout d'origine immunitaire, avec une prédisposition génétique.

Il a été mis en évidence que :

  • 95 % des patients intolérants au gluten sont porteurs d’un ou deux gènes spécifiques (HLA-DQ2 et/ou HLA-DQ8) ;
  • la famille rapprochée de ces personnes développe plus souvent la maladie (10 % de risque chez les parents au premier degré).

Bon à savoir : on peut cependant posséder les gènes concernés mis en cause dans la maladie cœliaque et ne présenter aucun symptôme de la maladie.

Diagnostic et traitement de la maladie cœliaque

Lors de la suspicion d'une maladie cœliaque, la prophylaxie sera la suivante :

  • rechercher les anticorps spécifiques de la maladie (anti-transglutaminase de classe IgA – immunoglobulines A) dans le sang, seul test de dépistage remboursé par l’Assurance maladie (à noter que lorsqu’on ne veut pas se soumettre à un prélèvement sanguin, « il est acceptable d’utiliser dans un premier temps un autotest », estime le Pr Christophe Cellier de l'Hôpital européen Georges-Pompidou, Paris) ;
  • si cette recherche est positive, on pratiquera une endoscopie avec prélèvements (biopsies, sauf chez les enfants chez qui les biopsies ne sont pas systématiques) sur la partie haute de l’intestin grêle (duodénum) : celle-ci doit être faite avant le début du traitement ;
  • constater une rémission des symptômes après l'introduction d'un régime sans gluten.

Il n'existe aucun remède spécifique pour guérir la maladie cœliaque. La seule conduite à tenir sera de bannir à vie tous les aliments contenant du gluten. Pour cela il conviendra de bien lire les étiquettes des produits industriels et d'identifier les composants.

Certaines équipes tentent aussi de mettre au point des vaccinothérapies pour induire une tolérance orale et des biothérapies, notamment avec des anticorps dirigés contre l’interleukine 15, ont fait l’objet d’essais cliniques dans les formes graves de la maladie. Des traitements avec des enzymes (gluténases) dégradant le gluten sont également essayés.

Pour l’instant, cependant aucun traitement n’est approuvé pour la prise en charge de la maladie cœliaque en dehors du régime sans gluten (pris en charge par l’Assurance maladie à raison de 45 € par mois : pas de blé, de seigle, ou orge, mais consommation d’avoine possible le plus souvent, et bien sûr de maïs, de riz, de sarrasin). Il est efficace mais non suivi par 50 % des adultes.

Bon à savoir : si vous constatez des symptômes faisant suspecter une maladie cœliaque, n'introduisez pas seul un régime sans gluten mais consultez votre médecin. Sinon les tests pourront revenir négatifs et le diagnostic sera d'autant plus difficile à réaliser. De même, si on réalise un autotest et que celui-ci est positif, il ne faut surtout pas se mettre au régime avant d’avoir vu un praticien, car les résultats des dosages ultérieurs pourraient être perturbés.

Maladie coeliaque : mise en garde

Une évolution actuelle des croyances que l'on pourrait taxer de « mode » assène que le gluten serait associé à plusieurs symptômes et un grand nombre de personnes en principe testées non cœliaques et non allergiques introduisent un régime sans gluten sans en avoir un réel besoin.

Toutefois, l’hypersensibilité au gluten non cœliaque est une entité récente, dont la prévalence est inconnue mais pour laquelle le chiffre de 6 % de la population est avancé. Les patients présentent des symptômes digestifs (douleurs abdominales, ballonnements, diarrhée ou constipation...) et extra-digestifs variés (fatigue, maux de tête...), déclenchés par l’ingestion de gluten et qui s’améliorent avec son exclusion et récidivent lors de sa réintroduction mais n’ont pas d’allergie au gluten (ni d’atrophie villositaire intestinale) à proprement parler.

Source : d’après une conférence de presse lors de l’International Celiac Disease Symposium (ICDS, Paris 5-7 septembre 2019).

Il convient de rester vigilant sur le bannissement de tel ou tel aliment, qui pourra provoquer des carences et d'importants déséquilibres métaboliques.

Dans tous les cas, parlez-en à votre médecin.

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