Le pancréas sécrète diverses enzymes qui permettent la digestion des aliments. Il est normalement protégé contre ses propres sécrétions, mais il arrive que ces défenses soient débordées et que la glande « s'autodigère » : c'est la pancréatite aiguë.
Causes de la pancréatite aiguë
La cause la plus fréquente de pancréatite aiguë est le blocage d'un calcul biliaire dans l'ampoule de Vater ou le sphincter d'Oddi.
Ce calcul bloqué empêche les sucs pancréatiques qui s'accumulent dans le canal de Wirsung de s'évacuer dans le duodénum.
- L'alcoolisme chronique est responsable de pancréatites chroniques dont l'une des complications est la crise de pancréatite aiguë (36 % d'entre elles sont dues à une intoxication alcoolique).
- Les infections virales sont parfois en cause : oreillons avant tout, hépatite B, cytomégalovirus et divers virus favorisés par le SIDA.
- D'autres causes, plus rares, sont possibles : parasites, excès majeur de triglycérides dans le sang, maladies auto-immunes, intolérances médicamenteuses (Blincyto, un anticorps monoclonal hospitalier sous forme de solution pour perfusion dans le cadre de certaines leucémies aiguës lymphoblastiques et cimétidine en vente libre contre l'acidité gastrique surtout), hyperparathyroïdie, maladie de Crohn, porphyrie, suites d'intervention chirurgicale sur l'abdomen.
À noter toutefois que dans environ 16 % des cas on ne retrouve pas de cause à la pancréatite aiguë.
Symptômes de cette pancréatite
La douleur est le signe le plus constant.
Elle est :
- maximale dans la région épigastrique ou décalée un peu vers la droite,
- irradiante vers le foie et dans le dos,
- intense, de début brusque, nécessitant souvent des dérivés de morphine pour être soulagée.
Les vomissements, d'abord alimentaires puis bilieux, débutent assez rapidement.
La constipation aiguë tourne à l'occlusion intestinale avec arrêt des matières et des gaz, un réflexe qui traduit la souffrance de tout le tube digestif.
Un état de choc avec respiration haletante et pouls filant est un signe important de gravité de la pancréatite aiguë.
Évolution et examens de la pancréatite aiguë
Évolution
La guérison peut laisser des troubles digestifs résiduels et des douleurs persistantes.
La principale complication est l'apparition de pseudo-kystes du pancréas, témoins de l'autodigestion de zones entières de la glande.
Par ailleurs, des études épidémiologiques récentes auraient relevé un risque à long terme plus élevé d'adénocarcinome canalaire pancréatique (cancer du pancréas) après une pancréatite aiguë, quelle qu'en soit sa cause.
La mortalité globale de la maladie est estimée à 3,7 %.Examens
La douleur est si intense et l'état général si altéré qu'une hospitalisation est la règle.
Les prises de sang et les analyses d'urine montrent une élévation des enzymes pancréatiques, amylase et lipase, dont les taux atteignent au moins 5 fois la norme du laboratoire. Des analyses spécifiques recherchent une éventuelle infection virale ou parasitaire.
La radiographie apporte peu de renseignements, sauf pour mettre en évidence un état d'occlusion intestinale.
L'échographie peut montrer un calcul biliaire bloqué dans la tête du pancréas. Elle est complétée par une échoendoscopie ou un scanner abdominal, qui met en évidence les plages d'autodigestion.
Traitement de la pancréatite aiguë
La mise au repos total du pancréas suppose une nutrition artificielle par voie intraveineuse, en service de réanimation ou de gastro-entérologie (30 % des patients doivent être hospitalisés en réanimation). Elle peut être relayée par une alimentation par sonde implantée dans le jéjunum et une forte réhydratation.
La douleur est soulagée par des antalgiques, pouvant aller jusqu'aux dérivés de morphine quand elle résiste aux antalgiques de base.
Le traitement de la cause est indispensable : ablation d'un calcul biliaire, suppression totale de l'alcool, antiviraux, correction des triglycérides sanguins (régime sans sucre et sans alcool, médicaments anti-lipides).
Le lavage chirurgical du péritoine s'impose quand le pancréas déverse des sucs directement dans la cavité abdominale.
Pour éviter une récidive, il est parfois nécessaire de procéder à l'ablation de la vésicule biliaire (cholécystectomie). Si la pancréatite aiguë est particulièrement sévère, l'intervention peut être reportée de 6 semaines.
Prévention de la pancréatite aiguë
On peut réduire le risque de pancréatite aiguë :
- en évitant ou en traitant les petits calculs des voies biliaires (les gros calculs dans la vésicule ne sont jamais en cause) ;
- en réduisant la consommation d'alcool ;
- et en évitant les médicaments à risque chez les personnes qui ont déjà présenté une poussée de pancréatite ou qui présentent une anomalie des enzymes pancréatiques.
La pancréatite chronique
La pancréatite chronique est due avant tout à l'alcoolisme chronique en Europe, à la dénutrition en zone tropicale.
Elle se traduit par une douleur épigastrique, une diarrhée persistante, un amaigrissement important, parfois une jaunisse.
La pancréatite chronique peut se compliquer de pancréatite aiguë, de diabète, de destruction complète du pancréas. Le traitement médical et chirurgical est complexe, même avec l'arrêt complet de l'alcool.
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Maladies de l'appareil digestif
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