La jaunisse ou ictère est une coloration jaune des conjonctives (le blanc des yeux), de la peau et des urines.
Mécanisme de la jaunisse
La jaunisse est due à un taux élevé de bilirubine dans le sang. La bilirubine est l'un des principaux pigments biliaires, fabriqué par le foie à partir de l'hémoglobine des globules rouges. Son taux peut augmenter :
- par excès de production, en cas de destruction massive des globules rouges (hémolyse) ;
- par défaut d'élimination dans la bile dans des maladies du foie ou des voies biliaires.
Le taux sanguin normal de bilirubine est inférieur à 10 mg/l. entre 10 et 20 mg/l, on note qu'une coloration du blanc des yeux et des urines plus foncées : c'est un subictère. Au-dessus de 20 mg/l, la peau devient d'un jaune d'autant plus intense que le taux de bilirubine est élevé. L'ictère s'accompagne souvent d'une démangeaison ou prurit, diffus et permanent.
Attention : on distingue le taux de bilirubine total (tel qu'il vient d'être évoqué) du taux de bilirubine libre non liée à l’albumine (ou BNL).
Les causes de jaunisse par excès de production
Introduction
Les jaunisses liées à une destruction accrue de globules rouges sont des ictères hémolytiques. Les principales causes sont :
- les maladies génétiques qui fragilisent les globules rouges ou comportent une hémoglobine anormale comme la thalassémie, la drépanocytose, la sphérocytose, le déficit en enzyme G6PD ;
- les agressions immunitaires contre les globules rouges au cours de certaines maladies auto-immunes, de cirrhoses, de cancers, de leucémies, ou par la prise de certains médicaments ;
- les agressions mécaniques, en cas d'hypertension majeure ou chez les porteurs de valvules cardiaques artificielles par exemple ;
- les infections parasitaires (paludisme, toxoplasmose) ou virales (fièvre jaune, fièvres hémorragiques tropicales).
Important : l'hémolyse peut être aggravée par n'importe quel épisode infectieux (simple rhume, grippe, pharyngite) ou la prise accidentelle de médicaments interdits chez ces malades (la liste complète est fournie par l'hématologue de référence dans chaque cas).
Chez le nouveau-né
L'ictère physiologique est normal dans les heures et les jours qui suivent la naissance :
- les globules rouges de la vie fœtale sont détruits pour être remplacés par des globules rouges de type adulte,
- cette hémolyse naturelle provoque un ictère néonatal normal et de courte durée.
L'incompatibilité rhésus était une cause majeure d'ictère dramatique du nouveau-né avant la surveillance et la généralisation des vaccins anti-rhésus chez les femmes à risque. Son seul traitement est l'exsanguino-transfusion, remplacement total du sang du nouveau-né ictérique.
Un ictère néonatal majeur nécessitant une prise en charge urgente, et pour éviter des traitements inutiles, il est important de savoir établir son critère de gravité. On sait aujourd'hui que les formes sévères d'ictère néonatal sont associées à des potentiels évoqués auditifs du tronc cérébral (PEATC) anormaux et à des taux de BNL (bilirubine libre non liée à l’albumine) plus élevés. Le taux de bilirubine totale, lui, reste inchangé.
Dans de très rares cas, l'ictère du nouveau-né est dû à une malformation du foie ou des voies biliaires, à une infection néonatale (herpès, cytomégalovirus, hépatite virale, toxoplasmose).
Les causes de jaunisse dues au foie
Elles sont très nombreuses : infectieuses, toxiques, etc.
Les causes infectieuses
Les hépatites virales sont en première ligne :
- l'hépatite A, la plus fréquente, transmise par l'eau ou des aliments souillés, est généralement bénigne, mais peut demander une convalescence de quelques mois ;
- l'hépatite B, la plus grave, transmise par le sang et les sécrétions sexuelles (sperme, sécrétions vaginales) peut être évitée par la vaccination désormais généralisée ;
- l'hépatite C, transmise également par le sang et le sexe, semble un peu moins sévère ;
- les hépatites liées à d'autres virus (D, E, F...) sont plus rares ;
- certaines formes graves de grippe ou d'herpès ;
- les fièvres hémorragiques dues à un virus transmis par piqûre de moustique : fièvre jaune, dengue, fièvre de Lassa ou de la vallée du Rift, fièvres à virus Marburg ou Ebola sont les plus connues, mais il en existe d'autres ;
D'autres ictères sont dus à des parasites hépatiques (petite et grande douve, amibes, kyste hydatique du tænia échinocoque, toxoplasmose).
Les causes toxiques
Bon à savoir : les risques de toxicité hépatique sont cités dans la notice de chaque médicament concerné dès qu'un premier cas a été signalé dans le monde.
Elles représentent 5 % des causes de jaunisse. Parmi les toxiques on trouve
- plus de 300 médicaments sont répertoriés pour leur toxicité potentielle sur le foie, qui s'exprime en fonction de sensibilités individuelles :
- le paracétamol (en cause une fois sur trois),
- antibiotiques,
- les statines contre le cholestérol,
- des psychotropes (tranquillisants, anti-épileptiques ou neuroleptiques),
- des anesthésiants,
- le fer,
- les contraceptifs oraux,
- l'allopurinol contre l'acide urique, etc. ;
- les champignons dont les amanites phalloïdes, verna ou virosa, et diverses plantes vénéneuses ;
- des produits industriels : des solvants comme le tétrachlorure de carbone, des insecticides et des pesticides ;
- l'alcool, dans une forme d'intoxication aiguë ;
- les métaux lourds : arsenic, plomb, mercure.
Les hépatites toxiques prennent souvent une forme fulminante, avec un taux de mortalité élevé (40 à 50 %) malgré les mesures de réanimation et une éventuelle greffe de foie.
Autres causes
D'autres causes de jaunisse dues au foie :
- la cirrhose, qu'elle soit due à une maladie des canalicules biliaires, à l'alcoolisme chronique ou à une hépatite virale évolutive ;
- la toxémie gravidique, complication majeure de la fin de grossesse ;
- un cancer primitif ou des métastases dans le foie ;
- les déficits enzymatiques liés à une maladie génétique métabolique.
Les causes de jaunisse d'origine biliaire
Tout obstacle à l'écoulement de la bile provoque une jaunisse par accumulation de la bilirubine dans le sang
- les calculs biliaires, quand ils sont bloqués dans le canal cholédoque ou l'ampoule de Vater ;
- l'infection de la vésicule (cholécystite) ou des voies biliaires ;
- le cancer des voies biliaires ;
- le cancer de la tête du pancréas ;
- les parasitoses biliaires (ankylostomes, anguillules) ou duodénales (ascaris).
Article
Qui consulter en cas de jaunisse ?
Il est impératif de consulter son médecin traitant dès l'apparition d'un subictère ou d'un ictère. Sa connaissance du patient, de ses habitudes, de ses médicaments est indispensable pour orienter les recherches pari les multiples causes.
Le médecin traitant décidera d'une hospitalisation si des examens techniques ou des gestes de réanimation s'imposent.
Le traitement d'une jaunisse est celui de sa cause, mais une insuffisance hépatique aiguë (défaut majeur de fonctionnement du foie) peut conduire à une greffe du foie si le temps de trouver un donneur et l'état du patient le permettent.