Le syndrome de l’intestin irritable (SII) est un trouble digestif chronique courant dans la population adulte. D'origine méconnue et bénin, il provoque des symptômes susceptibles de compromettre la qualité de vie des patients. Plusieurs traitements peuvent toutefois réduire l’intensité des symptômes et une bonne hygiène de vie contribue à limiter les conséquences de ce syndrome.
Qu’est-ce que le syndrome de l’intestin irritable ?
Le syndrome de l’intestin irritable, également appelé « syndrome du côlon irritable », « colopathie fonctionnelle » ou « côlon spasmodique », est un trouble gastro-intestinal fréquent qui touche 15 à 20 % de la population adulte en France. Il s’agit d’un phénomène chronique qui affecte les personnes au moins un jour par semaine pendant au minimum 3 mois consécutifs.
Aucun facteur déclenchant n’a pu être mis en évidence. Toutefois, cette affection est parfois chez certains patients à d’autres problèmes de santé :
- d’autres troubles digestifs (gastriques) ;
- la fibromyalgie ;
- le syndrome de fatigue chronique ;
- la cystite interstitielle ;
- le mal de dos ;
- les problèmes de sommeil ;
- la migraine ;
- des symptômes dépressifs ce qui n'a rien d'étonnant quand on sait qu'il existe un lien étroit entre déséquilibre du microbiote intestinal et troubles dépressifs.
À noter : les femmes sont en moyenne plus touchées que les hommes par ce syndrome, qui survient le plus souvent chez les jeunes adultes.
Comprendre le mécanisme du syndrome de l’intestin irritable
Actuellement, les causes exactes et le mécanisme pathologique du syndrome de l’intestin irritable ne sont pas totalement élucidés. Un certain nombre de facteurs semblent toutefois intervenir :
- des troubles de la motricité intestinale (péristaltisme) ;
- des antécédents de gastro-entérites* ;
- une inflammation de la muqueuse intestinale ;
- une altération de la flore intestinale ;
- des troubles d’absorption intestinale des nutriments ;
- une hypersensibilité de l’appareil digestif ;
- le stress et les facteurs psychologiques ;
- une prédisposition génétique ;
- des facteurs environnementaux dont font partie certaines habitudes alimentaires (la viande rouge, les sucres raffinés, les aliments transformés et les acides gras saturés favorisent la dysbiose intestinale, la rupture de la barrière intestinale ou « leaky-gut syndrome » et la perturbation du système immunitaire du fait de l’intolérance des cellules T).
*Selon le professeur Guy Boeckxstaens, gastro-entérologue à l'université de Leuven (Belgique), le système immunitaire serait devenu sensible aux aliments présents dans l'intestin à l'occasion d'une infection intestinale. Pour éprouver cette hypothèse, une infection intestinale a été provoquée chez des souris étant nourries avec de l'ovalbumine (protéine de l'œuf). Après avoir guéri naturellement (grâce à l'action de leur système immunitaire), les médecins ont à nouveau nourri les animaux avec l'ovalbumine. Ils ont alors observé l'activation des mastocytes (cellules immunitaires), la sécrétion d'histamine et la survenue de douleurs abdominales caractéristiques du SII.
Source : Aguilera-Lizarraga, J., Florens, M.V., Viola, M.F. et al. Local immune response to food antigens drives meal-induced abdominal pain. Nature (13/01/2021).
De plus, une étude montre qu'environ 10 % des patients ayant consulté un centre de santé internationale pour une diarrhée du voyageur ont développé un syndrome de l’intestin irritable (SII) post-infectieux dans les 6 mois suivant l’épisode. Il s’agissait essentiellement de jeunes femmes pour lesquelles le risque initial de SII était relativement élevé.
Les symptômes du syndrome de l’intestin irritable
Le syndrome de l’intestin irritable se caractérise par un ensemble de signes spécifiques :
- des douleurs abdominales ;
- des ballonnements et gaz ;
- des troubles du transit (diarrhée, constipation ou alternance des deux).
Selon les personnes et l’intensité des symptômes, le syndrome est plus ou moins sévère. Avec le temps, les symptômes peuvent évoluer selon trois modes :
- une modification des troubles digestifs (passage de la diarrhée à la constipation ou inversement) ;
- une régression (voire une disparition) des symptômes ;
- une aggravation des troubles.
Bon à savoir : selon une méta-analyse, le risque d’ostéoporose (et dans une moindre mesure de fracture ostéoporotique) serait statistiquement supérieur chez les sujets souffrant de syndrome de l’intestin irritable (source : Wongtrakul W, Charoenngam N, Ungprasert P. The association between irritable bowel syndrome and osteoporosis : a systematic review and meta-analysis. Osteoporos Int. 2020 Feb 01 [Epub ahead of print]. doi: 10.1007/s00198-020-05318-y. PMID: 32008157).
Le diagnostic du syndrome de l’intestin irritable
Le syndrome de l’intestin irritable est une maladie bénigne, mais qui peut altérer la qualité de vie des patients. Son diagnostic reste délicat et survient généralement après avoir éliminé toutes les autres causes de troubles digestifs chroniques. Des examens complémentaires peuvent ainsi être nécessaires pour s’assurer que la personne ne souffre pas d’une pathologie intestinale grave (maladie inflammatoire, tumeur...) :
- des analyses de sang ou de selles ;
- une coloscopie ;
- des examens radiologiques et échographiques.
Bon à savoir : dans le cas du syndrome de l’intestin irritable, ces examens sont normaux.
Syndrome de l’intestin irritable : quels traitements ?
Aujourd'hui, il n’existe pas de recommandations des autorités de santé sur la prise en charge médicale du syndrome de l’intestin irritable. Le traitement vise à soulager les différents symptômes du patient pour améliorer sa qualité de vie et atténuer les conséquences de la maladie.
Le traitement peut ainsi associer différents aspects :
- des médicaments antispasmodiques pour atténuer les douleurs abdominales et les spasmes ;
- les pansements intestinaux, l’argile verte ou les laxatifs pour les patients souffrant de constipation (on peut aussi rééduquer le péristaltisme intestinal en réalisant une douche rectale chaque soir avec de l'eau tiède du robinet) ;
- des ralentisseurs du transit intestinal pour les diarrhées ;
- des antiseptiques intestinaux ;
- des antidépresseurs à des doses inférieures au traitement de la dépression ;
- des médecines douces et des méthodes alternatives :
- traitement homéopathique,
- hypnose,
- acupuncture,
- séances de relaxation, pleine conscience,
- suivi psychologique, thérapies cognitives et comportementales,
- cures thermales,
- produits de phytothérapie (le gel d’aloe vera serait efficace contre le dérèglement du transit et les douleurs abdominales du syndrome du côlon irritable sous forme de cures courtes et ponctuelles),
- ostéopathie et réflexologie,
- yoga,
- physiothérapie,
- aromathérapie avec notamment des huiles essentielles (HE) de gingembre (anti-inflammatoire, antioxydante, antalgique et antispasmodique), de patchouli (anxiolytique, anti-inflammatoire et sédative), de cardamome (anti-inflammatoire, spasmolytique et anxiolytique) de menthe poivrée (indispensable pour son action spasmolytique et anti-inflammatoire qui cible les muscles et les muqueuses de l'intestin). Attention, il faut 6 semaines de traitement pour pouvoir observer une nette amélioration des douleurs.
- Des probiotiques pour rééquilibrer la flore intestinale : le Bifidobacterium infantis 35624® (à raison de 1 gélule par jour) est la souche bactérienne qui présente les meilleures preuves d’efficacité en cas de SII. Elle diminue les douleurs, les ballonnements et normalise le transit intestinal, qu'il s'agisse de diarrhée, de constipation ou des deux.
Bon à savoir : si on se réfère aux recommandations 2017 de la World Gastroenterology Organisation, l’association Pediococcus acidilactici CECT 7483, Lactobacillus plantarum CECT 7484 et Lactobacillus plantarum CECT 7485 permet d’améliorer de façon significative le score de la qualité de vie et l’index de sensibilité viscérale utilisé pour évaluer l’anxiété associée aux symptômes gastro-intestinaux (sans aucun effet indésirable).
- Plus radicale et probablement plus durable que les probiotiques, la transplantation de microbiote fécal (TMF) apparaît comme une technique sûre* permettant de recouvrir un microbiote intestinal riche et diversifié en une fois et de façon durable. Elle a déjà apporté la preuve de son efficacité, sans effets indésirables graves notifiés (ils sont très rares, transitoires et concernent essentiellement la sphère digestive), dans la prévention des récidives d’infection à Clostridium difficile (en cas d’échec des antibiotiques classiques, le recours à la transplantation fécale est le traitement privilégié).
Syndrome de l’intestin irritable et hygiène de vie
Le syndrome de l’intestin irritable est une affection chronique avec laquelle le patient doit apprendre à vivre. Une bonne hygiène de vie peut contribuer à atténuer les symptômes de la maladie et ainsi réduire ses conséquences sur la qualité de vie :
- la pratique d’une activité physique régulière (favorisant une bonne motricité intestinale) et dans l'idéal 20 minutes de marche active chaque jour (à la limite de la suée) ;
- un sommeil de qualité ;
- la limitation des médicaments allopathiques (antibiotiques, antiacides, antidiabétiques...) ;
- le sevrage tabagique ;
- une limitation du stress et de l'anxiété ;
- une alimentation saine et équilibrée, respectant un certain nombre de règles :
- l’absence de grignotage et la prise de trois repas par jour,
- une bonne mastication des aliments,
- une alimentation riche en fibres pour les personnes ayant tendance à la constipation,
- des fruits et légumes cuits au lieu de crus pour ceux souffrant de diarrhée,
- une consommation limitée de légumes secs, chewing-gum et sodas pour les personnes ayant des ballonnements fréquents,
- une faible consommation de sucres et d'aliments transformés contenant des ingrédients artificiels tels que les édulcorants,
- une consommation limitée d’alcool et d’aliments épicés.
Vous pouvez néanmoins consommer du safran qui a fait la preuve de son action sur le microbiote intestinal et de son efficacité pour soulager les douleurs ressenties dans des maladies telles que le syndrome de l'intestin irritable.
Bon à savoir : l’éviction du gluten ou des FODMAP (sucres de petite taille qui peuvent être mal absorbés par le tube digestif) permet aussi d’améliorer l’état de certains patients (réduction importante des symptômes dès le premier mois chez 60 % des patients).