Des douleurs abdominales vous accablent, des ballonnements et des gargouillis se font sentir après les repas, des diarrhées et constipations vous empoisonnent la vie. Votre médecin vous a diagnostiqué le syndrome du côlon irritable. Encore en 2023, cette colopathie fonctionnelle demeure un mystère pour la médecine et aucun traitement spécifique n'est encore disponible sur le marché. Le rééquilibrage alimentaire, la lutte contre le stress, les médicaments et les compléments alimentaires forment le quatuor du traitement de l'intestin irritable.
Zoom sur l'intestin irritable
Le syndrome de l'intestin irritable, ou syndrome du côlon irritable, touche un grand nombre de personnes. C'est un ensemble de symptômes digestifs qui conduisent à des douleurs abdominales et à un malaise digestif. Également appelé « colopathie fonctionnelle », ce syndrome est intimement lié au transit alimentaire dans le gros intestin (côlon) et peut provoquer :
- des diarrhées et des constipations ;
- des ballonnements et des gaz ;
- des gargouillements ;
- des nausées ;
- des maux de ventre.
Bon à savoir : ces symptômes surviennent en général après les repas. Bien que les diarrhées et constipations puissent paraître contradictoires dans le même temps, de nombreuses personnes atteintes du syndrome alternent entre ces deux troubles du transit.
Souvent chronique, le syndrome de l'intestin irritable peut durer quelques jours seulement, comme plusieurs années. Il n'est pas toujours continu dans le temps et vous pouvez bénéficier de pauses sans que le syndrome ne fasse parler de lui avant qu'il ne réapparaisse. Bien que cette colopathie fonctionnelle n'entraîne pas d'état inflammatoire de la muqueuse du côlon, ni de complication intestinale, les problèmes de transit, les douleurs et les malaises peuvent impacter considérablement sur votre qualité de vie.
À noter : la cause véritable de ce syndrome demeure inconnue. De nombreuses pistes de recherche sont explorées, telles qu'un déséquilibre hormonal, des contractions trop importantes de l'intestin, un déséquilibre de la flore intestinale ou une infection intestinale (une tourista engendre un syndrome de l’intestin irritable post-infectieux dans les 6 mois qui suivent dans environ 10 % des cas).
1. Revoyez votre alimentation pour traiter l'intestin irritable
Revoir votre alimentation pour traiter l'intestin, c'est éviter les aliments qui font gonfler et qui stimulent votre côlon pour privilégier des aliments plus neutres. Vous pourrez maintenir ce régime alimentaire durant 3 semaines, afin d'apaiser votre côlon, puis reprendre une alimentation variée.
Les aliments à éviter
Il existe 3 grandes catégories d’aliments à proscrire durant les 3 semaines de régime.
- Les aliments irritants pour l'intestin :
- le café et le thé ;
- le chocolat ;
- les jus de fruits ;
- les alcools.
- Les aliments gras :
- les viandes grasses (viande rouge et charcuterie) ou la peau des volailles ;
- les fromages gras et la crème ;
- les viennoiseries et les pâtisseries ;
- le beurre et les fritures.
- Les aliments contenant des fibres difficilement solubles :
- le blé entier et produits dérivés (pain complet, pâtes complètes...) mais aussi le pain blanc et les céréales blanchies ;
- le maïs ;
- les légumineuses (lentilles, pois, pois chiches, haricots, fèves) ;
- les choux et les navets ;
- les pommes de terre non pelées ;
- les pommes et les poires.
Les aliments à privilégier
Pas de panique, la liste des aliments à l'honneur pour votre régime de 3 semaines est variée et riche en bonnes choses.
- Les aliments peu gras :
- les viandes de volailles sans peau, le veau et le jambon sans couenne ;
- le poisson peu gras et non pané, comme le colin ;
- le fromage à pâte dure et le lait totalement écrémé ;
- l'huile d'olive et la margarine.
- Les aliments contenant des fibres facilement solubles :
- le pain de seigle, l'avoine, le riz blanc et les pâtes raffinées (optez pour des céréales semi-complètes) ;
- les carottes, les courges, les courgettes et les pommes de terre cuites et pelées ;
- les pêches, les fraises et les mandarines.
N’hésitez pas non plus à agrémenter vos préparations avec du safran car, en raison de son action sur le microbiote intestinal, il a un retentissement bénéfique sur des maladies telles que le syndrome de l'intestin irritable ou la maladie de Crohn (le safran intervient, entre autres, sur la douleur qu'entraînent ces pathologies).
Buvez régulièrement
Si votre ration d'eau doit avoisiner les 1,5 litre au minimum dans la journée, préférez boire par petits apports afin de ne pas augmenter le flux dans vos intestins d'un seul coup. Un apport régulier de 200 ml d'eau plusieurs fois dans la journée est idéal.
Pensez à boire en dehors des repas et pas d’eau gazeuse.
2. Combattez le stress pour traiter l'intestin irritable
Le stress aggrave, voire déclenche, le syndrome de l'intestin irritable. Allier différents traitement du stress est un pas vers la guérison de la colopathie fonctionnelle.
Relaxez-vous
Les techniques de relaxation permettent de relâcher la pression. Vous pouvez vous inscrire à des cours de yoga ou de méditation, aller à des séances de sophrologie ou apprendre à vous relaxer grâce à la musicothérapie. Une psychothérapie peut aussi être envisagée si vous ne parvenez pas à retrouver votre calme et si vous en ressentez le besoin.
Chacune de ces disciplines peut vous apporter un bien-être rapide et durable et, surtout, vous apprendre des techniques à répéter à la maison. Faire des exercices de relaxation chez soi, c'est aussi s'accorder une pause dans la journée, en prenant du recul sur les événements de la vie.
Important : les professionnels de la relaxation ne sont pas régulés par des instances reconnues par l'État. Renseignez-vous bien sur les qualifications et le sérieux du praticien qui vous intéresse avant de souscrire à des séances ou à des cours.
Faites du sport
Avoir le syndrome de l'intestin irritable ne doit pas vous empêcher de faire de l'exercice physique. Le sport est l’un des meilleurs remparts au stress. Remarquez combien une marche à pied en nature, quelques longueurs dans une piscine ou quelques kilomètres à vélo vous font du bien.
À votre rythme, choisissez votre discipline et prenez du plaisir. Si vous habitez en ville et que la nature vous est malgré tout accessible, profitez de pauses loin des bruits et du mouvement des rues encombrées.
Profitez des approches complémentaires
L'ostéopathie et l'acupuncture sont des médecines non reconnues mais qui peuvent être complémentaires au traitement de l'intestin irritable. Leur approche dénoue souvent les points de tension qui peuvent entretenir la colopathie fonctionnelle.
De nombreuses formations, plus ou moins sérieuses, d'acupuncteurs et d'ostéopathes existent et il est important de bien choisir votre professionnel avant de vous lancer.
3. Prenez des médicaments pour traiter l'intestin irritable
Certains médicaments peuvent vous aider à traiter le syndrome du côlon irritable. À visée digestive, ils peuvent calmer les douleurs et réguler votre transit. Votre médecin pourra vous les prescrire afin que vous ayez ces médicaments chez vous en cas de crises.
Les antispasmodiques
Les antispasmodiques musculotropes permettent de réduire les douleurs intestinales dues aux spasmes. Ils agissent sur la musculature lisse des intestins. Quatre molécules sont principalement utilisées dans le syndrome de l'intestin irritable :
- le phloroglucinol (SPASFON®) ;
- le pinavérium (DICETEL®) ;
- la mébévérine (DUSPATALIN®) ;
- la trimébutine (DEBRIDAT®).
Les régulateurs du transit
Des médicaments peuvent vous permettre de réguler votre transit.
Le lopéramide (IMODIUM®, ARESTAL®) est un antidiarrhéique régulièrement utilisé dans le syndrome de l'intestin irritable.
Contre la constipation, les laxatifs osmotiques comme le macrogol (FORLAX®, MOVICOL®, TRANSIPEG®) ou le lactulose sont bien tolérés.
Bon à savoir : les pharmaciens peuvent vous délivrer du phloroglucinol, du lopéramide et des laxatifs osmotiques sans ordonnance, ce qui peut être utile si vous n'en avez pas sous la main en cas de besoin. Si vous prenez un autre traitement, demandez son avis au pharmacien pour éviter les interactions médicamenteuses.
4. Complétez le traitement de l'intestin irritable avec les médecines douces
L'homéopathie et l'aromathérapie peuvent vous apporter des solutions alternatives aux médicaments. Si les médicaments homéopathiques ne présentent ni effet indésirable, ni contre-indication, ni limite de durée, le traitement par huiles essentielles ne doit pas excéder 1 semaine.
Bon à savoir : n'utilisez pas les huiles essentielles si vous êtes enceinte, si vous allaitez ou si vous êtes atteint d'épilepsie ou d'asthme. Réservez ces usages aux adultes et aux enfants de plus de 12 ans.
Les cures de probiotiques
Généralement présentées sous la forme de gélules ou de sachets de poudre en pharmacie, les probiotiques sont des souches de bonnes bactéries. Des souches de Lactobacterium, de Saccharomyces ou encore de Bifidobacterium sont régulièrement associées pour réensemencer la flore intestinale et lutter contre les inflammations de la muqueuse.
Dans le syndrome de l'intestin irritable, 5 souches ont particulièrement démontré leur intérêt :
- Bifidobacterium infantis 35624 ;
- Bifidobacterium bifidum MIMBb75 ;
- Lactobacillus acidophilus L10 ;
- Lactobacillus casei L26 ;
- Bifidobacterium infantis 35624® (souche qui présente actuellement les meilleures preuves d’efficacité dans le SII selon la World Gastroenterology Organisation).
Faites une cure de probiotiques contenant l'une de ces souches pendant au moins 1 mois sans interruption.
Vous pouvez aussi avoir recours à Probiotiques IBS des laboratoires Copmedqui associe trois souches de ferments lactiques probiotiques (Lactobacillus plantarum, Lactobacillus rhamnosus, Bifidobacterium animalis lactis) à Fibregum™, une fibre alimentaire prébiotique soluble.
Bon à savoir : certains compléments alimentaires contiennent aussi des prébiotiques. Ce sont des sucres essentiels à la nutrition de votre flore intestinale. La présence de prébiotiques peut être un avantage.
Vous pouvez aussi vous envisager la transplantation de microbiote fécal (TMF) qui est notamment très efficace dans la prise en charge des infections à Clostridium difficile puisque le taux de réussite est de 90 %.
La TMF consiste à transférer des selles dʼun donneur sain dans le tube digestif dʼun patient receveur pour rééquilibrer sa flore intestinale : une technique sûre permettant de recouvrir un microbiote intestinal riche et diversifié en une fois et de façon durable. Toutefois, cette technique n'est autorisée en France que dans le cadre des infections à Clostridium difficile récidivantes.
Les huiles essentielles
L'huile essentielle de genièvre (Juniperus communis) est connue pour ses vertus réparatrices des muqueuses intestinales. Elle trouve parfaitement sa place dans le cadre du traitement de l'intestin irritable. Diluez 2 gouttes de cette huile essentielle sur un comprimé neutre ou dans une cuillère de miel pour l'absorber par voie orale. Renouvelez la prise matin, midi, et soir.
Vous pouvez utiliser l'huile essentielle de petit grain bigaradier (Citrus aurantium) en massage sur votre ventre va calmer les spasmes digestifs. Diluez 4 gouttes de cette huile essentielle dans 20 gouttes d'huile végétale de macadamia. Massez votre ventre avec le mélange 3 fois par jour.
Vous pouvez également mélanger dans un flacon de 30 ml :
- 50 gouttes d’HE de menthe poivrée ;
- 40 gouttes d’HE de gingembre, de cardamome ou de patchouli ;
- 30 gouttes d’HE de camomille romaine, de lavande fine ou de basilic tropical ;
- de l’huile végétale de jojoba.
Appliquez une quinzaine de gouttes de ce mélange sur l’abdomen jusqu’à 6 fois par jour en cas de crise et poursuivez pendant deux à trois semaines.
À noter qu’en phytothérapie on peut recommander la prise quotidienne de gel d’aloe vera car celui-ci aurait fait preuve de son efficacité dans le cadre du SII.
L'homéopathie à la demande pour les maux digestifs
Le traitement de l'intestin irritable par médicaments homéopathiques relève d'une analyse fine que seul un homéopathe pourra vous fournir lors d'une consultation. Il pourra vous prescrire des souches homéopathiques en traitement de fond, adaptées à votre cas.
Cependant, pour certains maux digestifs de la colopathie fonctionnelle, vous pouvez prendre si besoin :
- China rubra 9CH pour diminuer les gaz à raison de 5 granules après les repas ;
- Ignatia amara 9CH pour diminuer les spasmes liés au stress, à raison de 5 granules en cas de besoin (à répéter toutes les heures puis à espacer selon l'amélioration des symptômes).
L’hypnose pour soulager les symptômes
Une étude a montré qu’après trois mois de cours individuels et de cours collectifs d’hypnothérapie (exercices de visualisation positive), respectivement 40 et 33 % des patients souffrant d’un syndrome du côlon irritable voyaient leurs symptômes s’améliorer. Cette amélioration était ressentie jusqu’à 9 mois après l’arrêt du traitement.
L’hypnothérapie interviendrait surtout sur la perception qu’ont les patients de leur maladie et de ses symptômes. Elle permettrait de changer leur état d’esprit de sorte qu’il parviendrait à mieux contrôler leurs douleurs et mieux faire face aux symptômes.
Source : Carla E. Flik, et al., “Efficacy of individual and group hypnotherapy in irritable bowel syndrome (IMAGINE): a multicentre randomised controlled trial”, The Lancet ; Gastroenterology & hepatology, novembre 2018, DOI:https://doi.org/10.1016/S2468-1253(18)30310-8