Côlon irritable

Sommaire

Douleur abdominale et digestion

Comprendre le colon irritable

Le syndrome du côlon irritable, également appelé colopathie fonctionnelle, appartient au groupe des troubles fonctionnels intestinaux dans lesquels aucune anomalie organique n'explique les symptômes provoqués par la maladie.

Il touche en Occident 10 à 20 % de la population adulte, avec une forte majorité de femmes.

Causes du côlon irritable

On ne connaît pas de cause unique identifiable du côlon irritable, mais deux mécanismes sont évoqués : des couches musculaires trop toniques dans la paroi intestinale, ou une trop grande sensibilité à la douleur viscérale.

Plusieurs facteurs favorisants ont été repérés :

  • un terrain psychologique anxieux ou dépressif, très sensible aux effets du stress ;
  • un rôle possible des hormones féminines quand les troubles s'aggravent avec les menstruations ;
  • la répétition d'erreurs diététiques, notamment les abus de fritures et de végétaux durs et l'absence de consommation de fibres ;
  • le rôle déclenchant d'une infection intestinale (microbienne ou candidose chronique notamment), noté dans 25 % des cas : partant de ce constat, des médecins ont suggéré que le système immunitaire était devenu sensible aux aliments présents dans l'intestin en même temps que l'infection ;
  • une antibiothérapie et divers traitements excessifs (chimiothérapie entre autres), y compris des vaccinations outrancières ;
  • le gluten (faire un test de quelques semaines sans gluten pour voir s'il y a une amélioration des symptômes) ;
  • le lactose ;
  • l'alcool ;
  • une mastication insuffisante ;
  • une insuffisance hépatique ou pancréatique.

Symptômes du côlon irritable

La nature et la gravité des symptômes varient beaucoup d'une personne à l'autre et même chez la même personne d'une saison à l'autre. La plupart des signes apparaissent après les repas :

  • une douleur abdominale, parfois sous forme de crampes ou de spasmes, qui disparaît habituellement avec l'émission de selles ;
  • une constipation ou une diarrhée, parfois en alternance chez le même malade ;
  • la diarrhée peut s'accompagner de mucus ou de glaires dans les selles, parfois d'aliments non digérés ;
  • le ballonnement et les flatulences, aussi bien en cas de diarrhée que de constipation, dont l'émission calme provisoirement la douleur ;
  • des borborygmes, des bruits intestinaux très audibles pendant la digestion ;
  • un besoin urgent d'aller à la selle, avec impression fréquente d'une émission incomplète ;
  • plus rarement des nausées, une aérophagie, des douleurs à l'estomac, une mauvaise haleine.

À noter : les personnes souffrant du côlon irritable pourraient aussi être plus sujettes à la dépression, notamment parce que cette pathologie s'accompagne d'une dysbiose intestinale et qu'il est désormais admis qu'il existe lien entre déséquilibre du microbiote intestinal et troubles dépressifs.

Évolution du côlon irritable

Le syndrome du côlon irritable est une maladie chronique qui persiste de longues années. Il se produit généralement par crises de quelques semaines entrecoupées de périodes de rémission.

Une crise peut être déclenchée par un stress, une émotion, un voyage, une erreur diététique.

On a observé que certains rhumatismes inflammatoires, les douleurs de la fibromyalgie et l'encéphalopathie myalgique/syndrome de fatigue chronique sont plus souvent associés au côlon irritable que dans le reste de la population. De même, selon une méta-analyse, le risque d’ostéoporose et de fracture ostéoporotique serait statistiquement supérieur chez les colopathes.

Source : Wongtrakul W, Charoenngam N, Ungprasert P. The association between irritable bowel syndrome and osteoporosis : a systematic review and meta-analysis. Osteoporos Int. 2020 Feb 01 [Epub ahead of print]. doi: 10.1007/s00198-020-05318-y. PMID: 32008157

En revanche, les risques de cancer du côlon ou de complications organiques graves ne sont pas augmentés.

Examens du côlon irritable

Un examen des selles et un bilan sanguin éliminent les autres causes possibles de douleurs abdominales ou de diarrhée, comme les parasites intestinaux ou les excès d'hormone thyroïdienne.

À partir de 45-50 ans, la coloscopie est la règle pour détecter d'éventuelles anomalies du côlon (polypes, cancer) devant des signes peu spécifiques et parfois trompeurs.

Traitement du côlon irritable

Le régime diététique

Chaque colopathe doit tenir un journal alimentaire sur lequel il note les menus sur une colonne et les signes observés sur l'autre colonne. Il peut ainsi, avec le temps, identifier les aliments qu'il tolère et ceux qui déclencher des troubles.

Il est généralement conseillé à un colopathe d'éviter :

  • les graisses suites, surtout les fritures (tous les acides gras trans),
  • les sauces et les aliments gras (attention aux associations alimentaires, par exemple un steak-frites ou les plats en sauce),
  • le lait entier,
  • la viande rouge en grosse quantité pour éviter la production de gaz malodorants,
  • les fromages fermentés (privilégiez les fromages de chèvre et de brebis mais sans excès),
  • les boissons gazeuses,
  • les légumes secs,
  • les légumes qui fermentent : choux, artichauts, navets, salsifis, bulbes (oignons, ail, échalote) les fruits secs ou féculents (bananes, châtaignes),
  • les épices piquantes, remplacées au besoin par des fines herbes,
  • les céréales complètes et leurs dérivés (pains au son, gressins) qui sont irritants pour les intestins (privilégier les céréales semi-complètes),
  • les sucres raffinés (pain blanc, céréales blanchies...).

Il faut aussi éviter les associations céréales et légumineuses qui favorisent la fermentation chez les colopathes.

Une diététicienne peut établir des menus équilibrés en fonction des goûts et préférences de chacun. Les aliments de base, de préférence issus de l'agriculture biologique, du terroir et de saison, seront :

  • le lait et les laitages demi-écrémés (attention à l'implication éventuelle du lactose),
  • les viandes et les poissons maigres, les fruits de mer,
  • les œufs à la coque,
  • le pain blanc, les pâtes, le riz blanc, les pommes de terre à l'eau ou en purée,
  • les légumes tendres ou bien cuits,
  • les épices douces (curcuma et safran en tête) et les aromates en quantité,
  • les fruits bien mûrs ou en compote,
  • l'eau plate, en quantité mais en dehors des repas.

Le tout consommé en mastiquant bien et dans une ambiance zen, sans stress.

Faites aussi attention à ne pas cuire à une température trop élevée les aliments au risque de détruire les vitamines, oligo-éléments et minéraux (qui exercent une action anti-inflammatoire et favorisent le bon fonctionnement intestinal) qu'ils contiennent.

Bon à savoir : 80 % des personnes présentant un « côlon irritable » sont totalement guéries (ne présentent plus aucun symptôme) après 6 mois de régime alimentaire sans gluten.

Régime FODMAP

Le régime FODMAP, ou plus exactement pauvre en FODMAP, est un régime très exhaustif et exclusif consistant à limiter la consommation de nombreux aliments, dont :

  • de nombreux fruits tels que les pommes, les abricots, les poires, les pêches, les cerises, etc. ;
  • certains légumes comme les artichauts, les asperges, le chou-fleur, les choux, les champignons, les oignons, l'ail, etc. ;
  • certaines céréales comme le blé, le maïs, le seigle ;
  • certaines légumineuses ;
  • les laitages (lait, yaourts, fromage à pâte molle, etc.) ;
  • le miel.

Il préconise au contraire de consommer des aliments tels que :

  • les agrumes ;
  • des fruits tels que les bananes, les fraises, le raisin ;
  • des légumes comme les carottes, les haricots verts, les courgettes, les épinards, les tomates, etc. ;
  • les fromages à pâte dure ;
  • des céréales telles que le riz ou l'avoine.

Quoique très contraignant, ce régime permet d'améliorer les douleurs abdominales, les ballonnements, les diarrhées et les envies pressantes chez la moitié des malades. Au bout d'un mois, la qualité de vie est jugée significativement améliorée chez plus de 60 % des personnes.

Bon à savoir : si vous souhaitez supprimer la consommation de FODMAP, faites-le progressivement.

Les médicaments

Ils sont choisis par le médecin en fonction de chaque cas :

  • un antispasmodique digestif en cas de douleur ;
  • un laxatif qui ramollit les selles en cas de constipation (par de produit irritant) ;
  • un antidiarrhéique ou un antisécrétoire en cas de diarrhée persistante, parfois une pectine type gelée de coings ;
  • du charbon actif, des pansements intestinaux à base d'argile en cas de ballonnement et de flatulences.

La mésothérapie, l'acupuncture, les plantes médicinales sédatives, les probiotiques peuvent représenter une aide significative. Au niveau des probiotiques sous forme de complément alimentaire, le Bifidobacterium infantis 35624® (à raison de 1 gélule par jour) est la souche bactérienne qui présente les meilleures preuves d’efficacité en cas de côlon irritable. Elle diminue les douleurs, les ballonnements et normalise le transit intestinal, quel que soit le trouble.

À noter que le safran, en raison de son action sur le microbiote intestinal, est efficace contre les douleurs liées au syndrome de l'intestin irritable.

De même, des études ont mesuré l’impact de la prise quotidienne de gel d’aloe vera sur le syndrome du côlon irritable. Elles semblent confirmer son efficacité en cures courtes et ponctuelles.

Il faut aussi mentionner la transplantation de microbiote fécal (TMF) qui est une des techniques parmi les plus efficaces pour rééquilibrer sa flore intestinale. Elle consiste à transférer des selles dʼun donneur sain dans le tube digestif dʼun patient receveur via une sonde naso-duodénale ou gastrique, un lavement, une coloscopie ou des capsules à double enveloppe et gastro-protégées.

La lutte contre le stress

Plus que des médicaments tranquillisants, c'est par le changement de mode de vie que le contrôle du stress peut soulager le syndrome du côlon irritable :

  • un peu d'exercice physique régulier (20 minutes par jour), pas trop intense et plutôt ludique,
  • la pratique du yoga ou de diverses techniques de relaxation,
  • une thérapie comportementale,
  • la participation à des groupes de parole.

Bon à savoir : après trois mois de cours individuels et collectifs d’hypnothérapie (exercices de visualisation positive), respectivement 40 et 33 % des patients souffrant d’un syndrome du côlon irritable voient leurs symptômes s’améliorer (grâce à un changement d'état d'esprit et meilleur contrôle des douleurs) ; cette amélioration serait ressente jusqu’à 9 mois après l’arrêt du traitement (source : Carla E. Flik, et al., “Efficacy of individual and group hypnotherapy in irritable bowel syndrome (IMAGINE): a multicentre randomised controlled trial”, The Lancet ; Gastroenterology & hepatology, novembre 2018).

Prévention du côlon irritable

On ne peut prévenir une maladie dont on ignore le mécanisme. Cependant adopter à l'avance ou dès les premiers troubles les mesures diététiques et les habitudes de mode de vie peut éviter l'installation durable du côlon irritable.

  • Pensez à consommer trois cuillerées à soupe d'huile vierge et bio de première pression à froid (huile et/ou colza). Et pensez à éviter le grignotage constant qui ne permet pas aux intestins de se régénérer.
  • Si vous avez les intestins fragiles, vous pouvez aussi réaliser une fois par semaine une monodiète de compote de pommes (sans sucre) et/ou de pommes de terre vapeur (sans huile ni beurre mais avec des aromates).
  • Prenez aussi, tout au long de la journée, une infusion à l'eau de source contenant une pincée de cassis, de mauve, de prêle et de romarin.
  • Faites en sorte d'aller à la selle au moins une fois par jour de façon à vous sentir suffisamment vidé (pour se libérer des gaz).
  • Pour éliminer les gaz, pratiquez des respirations diaphragmatiques (en gonflant le ventre).
  • Effectuez une marche quotidienne à vive allure pendant 20 minutes, à la limite de la suée.

On peut également mettre en place un traitement aromathérapeutique de fond qui, accompagné d'une prise en charge du stress et de l'anxiété et d'une reconstitution de la flore intestinale, permettra d'éliminer les spasmes et de calmer durablement la douleur.

Pour cela, mélangez dans un flacon de 30 ml :

  • 10 gouttes d’huile essentielle (HE) de menthe poivrée ;
  • 10 gouttes d’HE de gingembre, de cardamome ou de patchouli ;
  • 10 gouttes d’HE de camomille romaine ou de lavande fine ;
  • de l'huile végétale de jojoba (cire liquide).

Appliquez 10 à 20 gouttes de ce mélange (l’équivalent d’une petite noisette) sur l'abdomen deux à trois fois par jour pendant 4 semaines et renouvelez les applications plusieurs fois dans l’année en fonction des besoins.

Vous pouvez également mélanger dans un flacon de 50 ml :

  • 12 gouttes d’HE d'orange douce ;
  • 12 gouttes d’HE de géranium Bourbon ;
  • 12 gouttes d’HE de sapin baumier (Abies balsamea) ;
  • de l'huile végétale d'amande douce.

Appliquez quelques millilitres sur le bas-ventre en massant dans le sens des aiguilles d'une montre.

Attention : les huiles essentielles sont contre-indiquées chez la femme enceinte ou allaitante, la personne épileptique ou asthmatique ainsi que chez les jeunes enfants et les personnes âgées sous traitement médicamenteux (évitez également en cas de maladies féminines hormonales).

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