La fièvre typhoïde (ou typhus abdominal) et la fièvre paratyphoïde sont des pathologies infectieuses bactériennes mettant en jeu le pronostic vital sans traitement antibiotique adapté.
Ces maladies surviennent majoritairement dans les pays en voie de développement avec des règles d’hygiène précaires, la principale source de contamination étant l’eau. Les mesures de prévention et d’hygiène, mais aussi la prévention vaccinale peuvent permettre de se protéger efficacement contre ces maladies.
Faisons le point.
Bactéries responsables de la typhoïde
La fièvre typhoïde touche plus de 20 millions de personnes dans le monde chaque année et entraîne environ 200 000 décès. Les pays en voie de développement (Afrique, Amérique centrale, Amérique du Sud, Asie) sont les plus touchés, en raison des conditions précaires d’hygiène et du manque d’accès à l’eau potable. L’Inde est particulièrement concernée.
À noter : la fièvre typhoïde sévit toute l’année, avec un risque accru pendant les périodes de fortes précipitations.
En France métropolitaine comme dans les autres pays occidentaux, la fièvre typhoïde est rare. Une centaine de cas sont signalés chaque année en France, les personnes étant infectées le plus souvent au cours d’un séjour à l’étranger. La typhoïde est par contre présente en Guyane et à Mayotte.
Bon à savoir : la typhoïde appartient à la liste des maladies à déclaration obligatoire en France. Tous les cas doivent impérativement être signalés aux autorités sanitaires, pour limiter au maximum la propagation de la maladie.
Les fièvres typhoïde et paratyphoïde sont dues à des infections par des bactéries du genre Salmonelle :
- Salmonella enterica typhi, appelée le bacille d’Eberth, responsable de la fièvre typhoïde.
- Salmonella enterica paratyphi, responsable de la fièvre paratyphoïde.
Plus rarement, d'autres variétés de Salmonella enterica peuvent causer une fièvre typhoïde. La contamination par les salmonelles est possible par deux moyens :
- La consommation de boissons ou d’aliments souillés : l'eau de boisson, les poissons et fruits de mer pêchés dans des zones contaminées par des effluents, des légumes et viandes crus ou peu cuits manipulés par des personnes infectées, des aliments contaminés par des mouches.
- Le contact direct de personne à personne.
- De par leur action sur l’acidité gastrique, les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) exposent au risque d’infections digestives et notamment à Salmonella via une altération de la flore intestinale.
Une fois la bactérie ingérée, elle prolifère dans certaines cellules immunitaires (les macrophages) et dissémine dans l’organisme par la circulation sanguine. Elle atteint ainsi la moelle osseuse, le foie et la vésicule biliaire. Elle se retrouve dans la bile, l’urine et les selles des personnes atteintes.
Bon à savoir : certaines personnes continuent à héberger la bactérie après la guérison et sont qualifiées de « porteurs sains ». Les porteurs sains présentent un risque important d’infecter d’autres personnes dans leur entourage.
Typhoïde : quels symptômes ?
Les symptômes de la fièvre typhoïde apparaissent quelques jours à quelques semaines après la contamination par la salmonelle. La fièvre typhoïde se manifeste par différents symptômes caractéristiques :
- une fièvre élevée (> 38,5°C) qui apparaît progressivement et se prolonge, accompagnée de frissons, mais sans accélération du pouls ;
- des malaises ;
- une fatigue, un abattement, une prostration ;
- des troubles du sommeil comme l'insomnie ;
- des troubles digestifs : perte d’appétit, douleurs abdominales, constipation ou diarrhée (couleur « jus de melon ») ;
- des maux de tête ;
- des signes cutanés : apparition de taches rosées sur le thorax ;
- une splénomégalie (augmentation anormale du volume de la rate) ;
- une hépatomégalie (augmentation anormale du volume du foie) ;
- parfois des saignements du nez (épistaxis) et une langue saburrale (langue recouverte d'un enduit blanchâtre).
Les symptômes peuvent être d’intensité variable selon les patients. Dans les formes bénignes, l’état du patient reste stable pendant une quinzaine de jours, puis les symptômes régressent et le patient guérit en quelques semaines à quelques mois.
Dans les formes sévères, sans la mise en place d’un traitement adapté, des complications mortelles peuvent survenir au niveau de :
- l’intestin (hémorragies digestives, perforations intestinales) ;
- le cœur (infections) ;
- les poumons (pneumonie) ;
- le système nerveux (stupeur, coma, délire).
Bon à savoir : la fièvre paratyphoïde provoque les mêmes symptômes que la fièvre typhoïde mais ils sont généralement de moindre intensité. Sans traitement adapté, la mortalité de la fièvre typhoïde avoisine les 10 %.
Le diagnostic de la fièvre typhoïde repose sur les symptômes évocateurs et la mise en évidence de la bactérie en cause par des tests microbiologiques.
Typhoïde : traitement et prévention
Les fièvres typhoïde et paratyphoïde sont des maladies dues à une infection bactérienne. Leur traitement repose donc sur une antibiothérapie adaptée aux bactéries en cause.
Bon à savoir : suite à la mise en place d’un traitement antibiotique, la mortalité de la maladie est divisée par 10.
La prise en charge d’un patient atteint de la fièvre typhoïde comporte plusieurs aspects :
- un isolement du malade pour éviter la contamination d’autres personnes ;
- la prescription d’un traitement antibiotique efficace (fluoroquinolones de seconde génération, céphalosporines de troisième génération) ;
- l’éducation du patient aux mesures d’hygiène car certains patients resteront porteurs sains de la bactérie.
En cas de complications intestinales, une intervention chirurgicale peut être nécessaire.
La prévention contre la typhoïde est double :
- La lutte contre les risques de contamination dans les pays en voie de développement : améliorer les conditions d’hygiène, favoriser l’accès à l’eau potable et de bonne qualité bactériologique, traiter les eaux usées, renforcer les mesures d’hygiène lors de la préparation et la conservation des aliments.
- La vaccination des personnes effectuant un séjour prolongé dans des pays à risques.
À noter : la vaccination contre la typhoïde était obligatoire pour les personnels de laboratoire d’analyses de biologie médicale, visés par l’article L. 3111-4 du Code de la santé publique. Cette obligation ne concernait toutefois que les personnels exposés au risque de contamination (soit essentiellement les personnes qui manipulent des selles). Depuis le 1er mars 2020 (décret n° 2020-28 du 14 janvier 2020), l'obligation vaccinale contre la fièvre typhoïde est suspendue pour les personnes exerçant une activité professionnelle dans un laboratoire de biologie médicale, compte tenu de l'évolution de la situation épidémiologique et des connaissances médicales et scientifiques.
Le vaccin anti-typhoïde (Typhim Vi®) protège contre les infections par Salmonella enterica typhi, responsable de 80 à 90 % des cas de fièvre typhoïde (il existe également une association vaccinale combinant typhoïde et hépatite A : Tyavax®). Le sujet vacciné n’est donc protégé ni contre la fièvre typhoïde due à d’autres variétés de Salmonella enterica, ni contre la fièvre paratyphoïde. La protection des sujets vaccinés est estimée à environ 60 %.
Le vaccin est indiqué chez les adultes et les enfants de plus de 2 ans, effectuant un séjour prolongé dans un pays à risques ou voyageant dans des conditions précaires dans un pays à risques. Il est administré en une seule injection sous-cutanée ou intramusculaire et doit être réalisé 15 jours avant le départ. Il peut être administré dès l'âge de 2 ans et la durée de la protection est de 3 ans. Une revaccination tous les trois ans est donc nécessaire.
Bon à savoir : la vaccination contre la fièvre typhoïde à grande échelle n'est pas en vigueur dans les pays en voie de développement.