Traiter le reflux gastro-œsophagien

Sommaire

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Le reflux gastro-œsophagien (RGO) désigne la remontée d’une partie du contenu acide de l’estomac dans l’œsophage et peut être extrêmement désagréable.

Voici comment traiter le reflux gastro-œsophagien.

Zoom sur le reflux gastro-œsophagien

L’estomac sécrète de l’acide pour émulsionner le bol alimentaire lors de la digestion. En temps normal, le contenu gastrique ne remonte pas, ou très peu, dans l’œsophage. En effet, un sphincter (anneau musculaire), appelé cardia, situé au niveau du diaphragme, génère une zone d’hyperpression marquant le passage entre l’œsophage et l’estomac et empêchant les reflux. Le cardia s’ouvre seulement pour laisser descendre la nourriture. Le reflux gastro-œsophagien découle d'un dysfonctionnement de ce cardia, qui laisse alors remonter le contenu de l'estomac dans l'œsophage.

Causes

Le dysfonctionnement du cardia relève de différents mécanismes, associés ou non :

  • un affaiblissement de son tonus musculaire, favorisé notamment par l’obésité et le surpoids ;
  • le décrochement progressif de son accroche diaphragmatique qui le décale vers le haut (hernie hiatale ou malposition cardio-tubérositaire).

En cas d'incompétence du sphincter cardial, celui-ci assure mal sa fonction et laisse alors remonter les sucs gastriques acides.

Certains médicaments peuvent également induire des reflux. C'est le cas notamment des inhibiteurs calciques utilisés pour soigner l'hypertension artérielle ou de certains traitements prescrits contre l'asthme.

Risques du reflux chronique

La muqueuse œsophagienne supporte mal le contact répété avec le contenu acide de l’estomac. Elle n’est pas armée pour se défendre. Aussi, un reflux prolongé ou important peut générer des complications œsophagiennes telles que :

  • une œsophagite, inflammation de la muqueuse œsophagienne. Des érosions et des ulcérations se forment sur la paroi, parfois responsables d’une hémorragie digestive, ou bien de saignements chroniques. À terme, une œsophagite non soignée peut constituer une sténose de l’œsophage, qu’il faudra traiter par dilatations. Enfin, le reflux chronique favorise l’apparition d’une muqueuse anormale, appelée muqueuse de Barrett, et celle-ci présente un risque accru de cancérisation ;
  • un retentissement sur la sphère ORL, avec notamment une pharyngite chronique ;
  • un retentissement respiratoire, avec apparition d’un équivalent d’asthme ou bien l'aggravation d’un asthme préexistant.

1. Reconnaître les symptômes du reflux gastro-œsophagien

Symptômes

Le reflux se manifeste souvent de manière évidente par des symptômes typiques :

  • des brûlures ascendantes, remontant derrière le sternum (os situé au milieu de la cage thoracique), appelées pyrosis ;
  • des remontées liquidiennes ou alimentaires plus ou moins douloureuses, appelées régurgitations.

Parfois, les symptômes de reflux sont moins évidents :

  • toux inexpliquée ou asthme ne cédant pas avec les traitements ;
  • douleurs dans la poitrine ;
  • maux de gorge liés à une pharyngite ou une laryngite avec problèmes de voix.

Diagnostic

  • Un simple interrogatoire permet en général le diagnostic.
  • Une fibroscopie œso-gastro-duodénale est éventuellement indiquée, selon les symptômes, pour vérifier l’état de la muqueuse de l’œsophage. Si la fibroscopie découvre une muqueuse œsophagienne enflammée, voire ulcérée, on parle d'œsophagite compliquant le reflux. L’œsophagite est présente dans 30 % des cas environ, et à traiter absolument.
  • Face à des symptômes moins typiques, et si la fibroscopie œso-gastro-duodénale est normale, on pourra avoir recours à un examen plus rare, la pHmétrie : un petit tuyau (cathéter) est placé dans l’œsophage par le nez et connecté à un boîtier enregistreur. Les reflux acides sont enregistrés durant 24 heures. S’ils sont en nombre important, le reflux est alors confirmé. 

2. Évitez le reflux

Adoptez des positions bénéfiques contre le reflux

  • Surélevez la tête du lit en mettant une cale sous les pieds du lit, ou entre le matelas et le sommier. N’ajoutez surtout pas d’oreiller supplémentaire, il vous plierait l’abdomen et aurait un effet inverse de celui attendu.
  • Ne vous allongez pas tout de suite après un repas.
  • Ne vous penchez pas en avant. Attention, pliez les genoux en jardinant, ne penchez pas votre buste.
  • Ne faites pas d’effort physique après avoir mangé.

Les facteurs favorisant le reflux

  • Le tabagisme : c’est l’occasion d’arrêter ! Parmi les moyens mis à votre disposition : les substituts nicotiniques (patchs, comprimés, gommes à mâcher…), le suivi personnalisé par un tabacologue, des séances d'hypnose ou d'acupuncture.
  • Le surpoids : il favorise les reflux du fait de l’hyperpression abdominale. Attention aux ceintures et aux vêtements trop serrés, ils auront aussi cet effet d’hyperpression.
  • Les aliments trop gras et trop sucrés (chocolat, bonbons, boissons sucrées) et les boissons gazeuses : ils réduisent le tonus du sphincter œsophagien et favorisent la remontée du contenu gastrique vers l’œsophage. Évitez également les repas trop copieux (attention aux repas de famille gras et arrosés !), surtout en soirée.
  • L'alcool : il abaisse le tonus du sphincter œsophagien.
  • Le café : comme l’alcool, il abaisse le tonus du sphincter œsophagien. Vous pouvez boire 1 à 2 tasses par jour au maximum.
  • Boire trop chaud.
  • Le fait de ne pas suffisamment mastiquer.
  • Le stress : il abaisse probablement aussi le tonus du cardia et favorise les reflux.

3. Traitez le reflux gastro-œsophagien avec des produits naturels

Selon l'intensité de la gêne ressentie et la durée des symptômes, il existe plusieurs manières de traiter le reflux gastro-œsophagien.

Vous pouvez commencer par adopter un traitement naturel en cas de symptômes de reflux légers.

Plusieurs recettes à base d'ingrédients naturels peuvent vous aider à soulager le reflux :

  • Diluez une demi-cuillerée à café de bicarbonate de soude dans un grand verre d’eau.
  • Écrasez une banane mûre et mangez-la lentement.
  • Mâchez un clou de girofle pendant quelques minutes.
  • Si vous avez une centrifugeuse, faites un jus de pomme de terre ou un jus de concombre et ajoutez-y de la menthe fraîche.
  • Réalisez une infusion de graines de fenouil et d’anis en mettant une cuillerée à café de chaque dans un tiers de tasse d’eau chaude à laisser infuser un quart d’heure avant de filtrer et de boire en fin de repas.
  • Prenez pendant 4 à 6 semaines du lithothamne afin de neutraliser l’acidité gastrique et vous pouvez l’accompagner d’aloe vera (une cuillerée à soupe de gel trois fois par jour).
  • Faites des infusions de guimauve, de matricaire ou de mélisse : verser 250 ml d’eau bouillante sur une cuil­lerée à soupe de plante sèche, laisser infuser 5 minutes, filtrer et boire deux à trois tasses par jour. Vous pouvez également utiliser ces plantes sous forme de gélules ou de teinture mère.
  • Mélangez dans un flacon de 50 ml : 40 gouttes d'huiles essentielles (HE) de lavande vraie et de petit grain bigarade, 30 gouttes d'HE de camomille romaine, 20 gouttes d'HE de cardamome et de laurier noble puis complétez avec une huile végétale. Massez votre plexus solaire et votre ventre avec 20 gouttes de cette préparation trois ou quatre fois par jour (jusqu'à six fois maximum). En cas d'utilisation prolongée, faites une pause de deux jours tous les cinq jours.

Si le traitement est inefficace après 1 à 2 semaines ou si vos brûlures reprennent dès l’arrêt, consultez votre médecin afin de réaliser des examens.

Bon à savoir : l'éviction du gluten pendant quelques mois permettrait de résoudre définitivement les problèmes de RGO (elle soulage les douleurs digestives en général).

4. Utilisez un traitement médicamenteux

Si les symptômes persistent ou sont trop douloureux, il sera alors nécessaire de consulter votre médecin et de traiter le reflux gastro-œsophagien avec des médicaments.

Quel traitement adopter pour soulager aigreurs et brûlures ?

  • Les antiacides (Maalox®, Gaviscon®, Phosphalugel®) agissent en neutralisant les acides sécrétés par l'estomac. Leur effet est limité car leur action est de courte durée.
  • Les antisécrétoires, plus efficaces, bloquent l'action des récepteurs stimulant la sécrétion acide de l'estomac (les pompes à protons), d’où leur nom d’inhibiteurs de pompe à protons (IPP). L’oméprazole est le premier IPP et le plus connu. Il en existe de nombreux, et il y a plus de 50 génériques. Les IPP sont à prendre à jeun, trente minutes avant un repas et ils donnent généralement de bons résultats. Ils permettent d'obtenir le soulagement des symptômes et la cicatrisation d’une éventuelle œsophagite. 

Combien de temps le traitement dure-t-il ?

Le traitement IPP remédie aux conséquences du reflux, mais ne l’empêche pas. Il est donc parfois prescrit sur des durées prolongées. Il est possible de l’arrêter temporairement tant que l’on ne ressent pas de brûlures.

Gérez votre traitement

Le traitement du reflux par les IPP est à visée « symptomatique ». Il doit comporter la dose suffisante pour que vous ne ressentiez plus de brûlures ni de gêne. Le médecin adapte la dose médicamenteuse à cet objectif. Ce peut être une double dose si le reflux est important, ou simplement une demi-dose s'il est léger.

Vous n’êtes pas obligé de prendre l’IPP en continu. Vous pouvez sauter des prises à partir du moment où vous n’avez pas de symptôme, même pendant plusieurs jours ou semaines. Reprenez le médicament dès que vous sentez à nouveau une gêne. L’objectif numéro 1 du traitement est de ne pas avoir de symptômes avec la dose la plus minimale possible de médicament.

Pour éviter un phénomène de rebond après un traitement de plus de 2 mois, diminuez graduellement la posologie de l’IPP sur quelques semaines avant l’arrêt, en associant éventuellement un anti-H2 ou une barrière antiacide.

Important, l'association d'un traitement IPP et d'un traitement anticoagulant nécessite un suivi attentif, car les 2 médicaments peuvent avoir des interférences.

Bon à savoir : les IPP, quoique efficaces, altèrent de façon considérable le microbiote (la flore intestinale) et diminuent nos défenses face aux allergènes, d’où la nécessité de limiter leur utilisation et donc de ne pas les prendre à long terme (en théorie, sauf cas particulier, la durée du traitement ne doit pas dépasser 4 à 8 semaines).

5. Quand consulter un médecin ?

Vous devez consultez un médecin si :

  • vous avez plus de 50 ans et un reflux récent associé à une perte de poids ou d'appétit, ou à une fatigue ;
  • vous avez des difficultés à avaler (certains aliments solides ou liquides accrochent) ;
  • vous avez des brûlures depuis plusieurs mois. Les traitements du pharmacien vous soulagent provisoirement, mais les brûlures reprennent après chaque traitement.

Ces pros peuvent vous aider