Colite, ou l'irritation du côlon.
On appelle colite tous les états d'irritation qui affectent le côlon dans son ensemble ou sur un large segment.
Causes de colite
Les causes de colite sont très nombreuses.
Colite infectieuse
L'inflammation du côlon est due à une infection par
- des bactéries : staphylocoques, colibacille (E. coli dont quelques sérotypes sont très agressifs), Clostridium, bacille tuberculeux, entérocoques, shigelles, salmonelles, vibrion du choléra en zone contaminée ;
- des virus divers ;
- des champignons, dont le Candida albicans, plus fréquents après une prise d'antibiotiques ;
- des parasites unicellulaires comme les amibes, les lamblias, les bilharzies ou les infestations massives par des vers intestinaux.
L'infection chronique ou récurrente par des bactéries est favorisée par la présence de diverticules dans la paroi colique.
Colite toxique
La colite toxique la plus fréquente est due à la prise prolongée de laxatifs irritants, qu'ils soient de nature chimique (contenant de la phénolphtaléine par exemple) ou d'origine végétale (bourdaine et autres plantes laxatives).
La colite post-antibiotiques peut être banale et guérir en quelques jours, mais la forme dite pseudo-membraneuse est une complication aussi redoutable que rare.
La colite toxique concerne un tiers des patients traités. Elle intervient pendant un traitement antibiotique (mais parfois 2 à 4 mois après l'arrêt de l'antibiothérapie, temps nécessaire pour que la flore intestinale redevienne normale en termes de masse, de diversité et de composition bactérienne) et se caractérise par l’émission d’au moins trois selles allant de très molles à liquides par 24 heures pendant au moins 24 heures.
Par ailleurs, on retrouve des colites responsables de diarrhée chronique en cas de traitement prolongé avec des inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) utilisés pour lutter contre l’ulcère gastroduodénal, l’éradication d’Helicobacter pylori ou encore le traitement du reflux gastro-œsophagien.
Colite post-radiothérapique
Les irradiations abdominales pour cancer génital (utérus), sanguin ou lymphatique (leucémies ou lymphomes par exemple) peuvent induire une colite qui survient des mois ou des années plus tard.
L'évolution est lente et progressive, mais inexorable.
Colite inflammatoire
La rectocolite hémorragique et la maladie de Crohn sont deux maladies inflammatoires chroniques de l'intestin (MICI) qui affectent le côlon.
Colite allergique
Les allergies alimentaires sont une cause possible de colite. Les œufs, le poisson, le lait de vache, les crustacés, l'arachide, les kiwis sont les aliments souvent retrouvés par l'enquête allergologique.
Les intolérances alimentaires au lactose, au gluten (maladie cœliaque) ou à divers aliments plus rarement en cause provoquent une colite. Elles sont dues habituellement à un défaut génétique sur une enzyme digestive.
Colite fonctionnelle
Le côlon irritable ou colopathie fonctionnelle est le prototype de la colite fonctionnelle, sans aucune anomalie organique.
Symptômes de cette irritation du côlon
Les symptômes de colite, peu spécifiques et très proches de ceux du côlon irritable, sont variables d'une personne à l'autre et en fonction de la cause.
Les plus fréquents sont
- une douleur abdominale, parfois sous forme de crampes ou de spasmes,
- une constipation ou une diarrhée,
- la diarrhée peut contenir du sang, du mucus, du pus ou des glaires,
- le ballonnement et les flatulences dont l'émission calme provisoirement la douleur,
- des borborygmes, des bruits intestinaux très audibles pendant la digestion,
- de fausses envies urgentes d'aller à la selle.
Examen de la colite
Le médecin demande différents examens pour identifier la cause de colite : examen de selles avec analyse bactériologique et parasitaire, bilan sanguin, radiographies.
La coloscopie est l'examen de référence, car elle montre le côlon dans sa totalité et permet les prélèvements de tissus pour examen au microscope.
Traitement de la colite
Hygiène de vie
Le traitement général repose sur les mesures diététiques qui éliminent les aliments mal tolérés, la suppression des médicaments irritants et une bonne hygiène de vie.
80 % des personnes qui présentent une colite peuvent régler durablement leur problème en supprimant le gluten de leur alimentation (son éviction soulage la grande majorité des douleurs digestives et peut résoudre définitivement les problèmes de reflux gastro-œsophagien).
Lors d'une poussée inflammatoire, il peut également être intéressant de supprimer les produits laitiers pendant quelques jours (dans la mesure où ils favoriseraient les symptômes) et de réduire le nombre de selles et leur volume par une alimentation pauvre en résidus (suppression des aliments contenant des fibres, notamment fruits, légumes, céréales complètes).
Pour les plus courageux ou les plus touchés par la colite, le régime visant à supprimer les FODMAP est jugé efficace. Avec cette approche, les symptômes invalidants (ballonnements et diarrhées) reculent chez plus de 60 % des patients dès le premier mois. En revanche, ce régime ne modifierait pas l'inflammation puisque celle-ci est favorisée par la susceptibilité génétique de l’individu.
Bon à savoir : le safran, en raison de son action sur le microbiote intestinal, a un retentissement bénéfique sur les colites et des maladies comme le syndrome de l'intestin irritable ou la maladie de Crohn (le safran intervient, entre autres, sur la douleur qu'entraînent ces pathologies). De même, la prise quotidienne de gel d’aloe vera en cures courtes et ponctuelles serait efficace contre la colopathie fonctionnelle.
Article
L'intérêt de l'hypnose pour mieux gérer ses douleurs
Une étude a montré qu’après trois mois de cours individuels et de cours collectifs d’hypnothérapie (exercices de visualisation positive), respectivement 40 et 33 % des patients souffrant d’un syndrome du côlon irritable voyaient leurs symptômes s’améliorer. Cette amélioration était ressentie jusqu’à 9 mois après l’arrêt du traitement.
L’hypnothérapie interviendrait surtout sur la perception qu’ont les patients de leur maladie et de ses symptômes. Elle permettrait de changer leur état d’esprit de sorte qu’ils parviendraient à mieux contrôler leurs douleurs et mieux faire face aux symptômes.
Source : Carla E. Flik, et al., “Efficacy of individual and group hypnotherapy in irritable bowel syndrome (IMAGINE): a multicentre randomised controlled trial”, The Lancet ; Gastroenterology & hepatology, novembre 2018, DOI.
Médicaments symptomatiques
Des médicaments symptomatiques peuvent aider à lutter contre la diarrhée, la constipation, la douleur, les spasmes, les flatulences.
Le traitement spécifique est celui de la cause, quand il est possible.
Bon à savoir : les inhibiteurs de la pompe à proton (IPP) sont des médicaments qui altèrent le pH gastro-intestinal et retardent la vidange gastrique avec un impact sur la composition du microbiote intestinal et des risques augmentés d'infection à Clostridium difficile et de récidives. Leur utilisation doit donc être limitée.
Probiotiques
Pour ce qui est de la diarrhée post-antibiotiques, il est possible de mettre en place une action préventive en prescrivant des probiotiques lorsqu'il existe des facteurs de risque de colite : enfant en bas âge, antibiothérapie particulièrement lourde ou au long cours, enfant affaibli ou ayant des antécédents de diarrhée post-antibiotiques.
En effet, les probiotiques rétablissent l'équilibre de la flore intestinale, notamment au niveau de la muqueuse du côlon. Selon les recommandations de l’European society for pediatric gatroenterology, hepatology and nutrition (ESPGHAN) il faut utiliser :
- la levure Saccharomyces boulardii CNCM I-745 ou la bactérie Lactobacillus rhamnosus GG en prévention des diarrhées post-antibiotique ;
- dans une moindre mesure la levure Saccharomyces boulardii associée à Clostridium difficile.
De son côté, la World Gastroenterology Organisation (WGO) rappelle que Bifidobacterium infantis 35624® est la souche qui présente actuellement les meilleures preuves d’efficacité en cas de colite.
Vous pouvez également prendre des symbiotiques (compléments alimentaires combinant des pré et des probiotiques) tels que Prolactik sachets (laboratoire Oligosanté) qui est indiqué pour protéger contre les agents pathogènes.
Mais en cas de colite infectieuse causée par la bactérie Clostridium difficile (colite pseudomembraneuse), le traitement le plus efficace est la transplantation de microbiote fécal (TMF) qui consiste à transférer des selles dʼun donneur sain dans le tube digestif dʼun patient receveur pour rééquilibrer sa flore intestinale. Cela s'effectue via une sonde naso-duodénale ou gastrique, par lavement ou par coloscopie, et depuis 2017 avec des capsules à double enveloppe et gastro-protégées. L’utilisation de microbiote congelé permet une plus grande réactivité et devrait prochainement devenir la règle dans la plupart des centres.
Bon à savoir : l'administration prophylactique de Saccharomyces boulardii CNCM I-745 simultanément à l'antibiothérapie réduit significativement ses effets négatifs sur le microbiote intestinal et facilite le retour à la normale.
Aussi dans la rubrique :
Maladies de l'appareil digestif
Sommaire
- Troubles et symptômes digestifs
- Examens de l'appareil digestif
- Troubles et maladies du système digestif
- Opérations et traitements du système digestif